Dans la foulée de l’initiative de l’entreprise Bell «Causons pour la cause», qui vise à briser le silence autour des maladies mentales, le journaliste de La Presse Patrick Lagacé publiait le 25 janvier dernier une chronique intitulée «Gestion merdique des ressources humaines», dans laquelle il affirme que le travail constitue un colossal vecteur de maladies mentales.
Lagacé y raconte notamment l’histoire d’un employé dans la mi-cinquantaine, chef d’une dizaine d’employés, qui a vu ses effectifs fondre de 75 % au cours des dernières années, alors que la charge de travail, elle, n’a pas diminué.
À la suite de quelques consultations avec son docteur, qui diagnostique une maladie du travail, l’employé gestionnaire trouve le courage d’en parler avec son patron. La réponse de celui-ci n’a pas été très nuancée :
« Si t’es pas content, remets ta démission. »
Cet article m’a vivement fait réagir.
Certes, il est important de ne pas être gêné d’avouer souffrir de maladie mentale, tout comme il est essentiel que la société dispose de moyens et alloue des ressources pour aider ces personnes à s’en sortir; mais il me semble inacceptable qu’on mette tant d’emphase sur un symptôme, alors que nous devrions nous attarder davantage à la cause de toutes ces maladies mentales (puisque nous parlons de cause)!
Comme plusieurs médecins semblent affirmer que c’est souvent le milieu du travail qui est responsable, pourquoi ne pas tenter d’attaquer ce problème de front ?
Je crois qu’une très grande proportion des entrepreneurs n’agissent pas en pleine conscience quand ils créent une situation intenable pour leurs employés; alors comment une entreprise ayant des objectifs louables finit-elle par devenir un incubateur à maladies mentales?
Comment, en tant que société, pouvons-nous aider à diminuer cet effet dévastateur?
Les entrepreneurs n’auraient-il pas, par ailleurs, la capacité de diriger des employés et de les valoriser? Sont-ils conscients de la portée de leurs actions et ont-ils le recul et les moyens d’agir afin d’éviter de causer des maladies mentales à leurs effectifs?
Personne ne rêve de gérer un incubateur à maladies mentales
Pour en revenir au cas exposé dans l’article de Patrick Lagacé, j’ai aussi été surpris de constater que l’employé n’ait pas pu se sortir plus rapidement de cette situation néfaste pour lui.
Pourquoi cette personne n’a-t-elle pas été proactive, en soulevant rapidement le caractère intenable des coupures de poste à son patron et en ayant un plan B dans le cas où ce dernier lui aurait répondu de démissionner?
Chacun d’entre nous est ultimement responsable de sa destinée
Finalement, peut-on se mettre à rêver d’un environnement idéal où employeur et employés travailleraient en harmonie, où les indices de productivité et de profitabilité seraient indissociables de celui de bonheur au travail?
Une entreprise où l’employeur serait en contrôle de son industrie et préfèrerait mettre un terme à ses opérations plutôt que de créer un environnement malsain où il ne peut générer de marge bénéficiaire suffisante pour maintenir des conditions de travail adéquates pour ses employés?
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